Un petit conte

« Dans son rêve, Zoé rencontre chien noir, le petit chien est magique (il parle) ; au même moment non loin de là, un petit chien, noir et roux, rêve  qu’il rencontre l’amie extraordinaire dont il a toujours rêvé. »

Les deux rêves sont pratiquement identiques ! C’est incroyable !

La rencontre

Je vais vous raconter  l’étonnante odyssée vécue par une  jeune fille de vingt ans, entrainée malgré elle dans une série d’évènements, semblables aux célèbres aventures d’Indiana Jones.

Tout avait commencé le jour ou Zoé avait reçu  son doctorat en management quantique. Installée sur un banc du parc, elle préparait le texto envoyant la bonne nouvelle aux parents, restés en Belgique.

Un petit chien noir, l’air apeuré était venu se blottir dans ses jambes.  Zoé l’avait dissimulé, instinctivement, dans son grand sac Cardin, entres quelques fardes, résumant les différents travaux de sa thèse, pour le sauver des trois gardiens du parc qui le poursuivaient.  Le chiot avait une belle robe de teinte noir, brillante, ornée  de reflets brun-roux, il était charmant !

Une fois le danger écarté, elle avait pris le petit animal dans ses bras, pour tenter de l’apaiser, et c’est à ce moment que l’incroyable s’était produit.

Zoé le sermonnait tendrement pour sa conduite : – un petit chien comme toi ne peut pas s’enfuir de sa maison et se promener seul dans le parc ! Mais elle s’interrompit en remarquant les larmes qui coulaient des yeux du pauvre chiot.

Le plus extraordinaire se produisit  lorsque, après s’être étranglé quelques fois en poussant des jappements, il commença à parler !

Non pas à aboyer ou à gémir, mais à parler comme le font les humains.

 Zoé avait des difficultés à saisir le fil du récit, tant la voix  du petit chien était saccadée et suffoquée par les sanglots.

Elle comprit cependant  l’essentiel de l’histoire. Elle mesura  le drame qui s’était produit dans la vie de Chien Noir. La tristesse et les crises  de violence, qui s’emparaient de l’animal, venaient de là !

Le chiot narra comment il avait vu disparaître sa mère, dans un torrent d’eau glacée.  Alors qu’il assistait, impuissant, à la scène, il avait entendu au loin une tribu de chasseurs sauvages qui la poursuivait…

-Maman est-elle morte ou prisonnière de barbares ?  Je ne peux plus vivre sans connaitre la vérité. S’il reste un espoir de la sauver, je dois tout mettre en œuvre pour y parvenir.

 

Alors  Zoé avait promis d’aider son nouvel ami, quoi qu’il lui en coûte…

Ils avaient  décidé de partir vers cette région lointaine et dangereuse, où Chien noir avait assisté à la disparition de  sa mère,  dans le terrible torrent.

Notre diplômée  disposait de solides bases scientifiques et  de grandes compétences dans le domaine de la natation, et cela  constituait  un atout pour  découvrir la vérité sur Maman Noireaude et peut-être la retrouver saine et sauve.

L’organisation de l’épopée.

Les jours suivants, Zoé les avaient consacrés aux préparatifs, mais aussi aux adieux à sa famille.
 Elle avait expliqué qu’elle partait en expédition scientifique dans cette forêt lointaine où les rencontres d’espèces mystérieuses restaient un grand défi pour l’homme.

Dans l’avion, pendant que Noireau dormait en toute quiétude, dans son panier de transport, Zoé eut un pincement au cœur, en pensant à sa famille et à sa Mamou si triste de la voir partir. Heureusement, Papou l’avait rassurée en lui rappelant qu’il serait toujours prévenant auprès de Mamou. Même lorsqu’il ne vivrait plus, déclarait-il, son esprit resterait présent auprès de sa chère épouse et de ses deux grands champions, Tom et Zoé.

Elle sourit en pensant,  que  Tom, devenu « pro du foot » et évoluant à Chelsea, et que, elle si loin, ce Papou rêveur allait être complètement désorienté !

Mais les explorateurs atterrissaient déjà, et quelques minutes plus tard, Zoé et son compagnon filaient dans une jeep vers la montagne sacrée… Les deux cents premiers kilomètres avaient été avalés rapidement, mais les deux amis s’étaient retrouvés au dernier village au pied d’une montagne. La route n’allait pas plus loin, il fallait progresser à pied, dans un milieu hostile.

Chien noir se révélait être un compagnon prévenant et agréable. Son flair, infaillible, l’aidait à guider Zoé.

Après trois jours de marche, un ermite, prétendu sage, les hébergea. Après le souper, Zoé alla se coucher, mais Chien noir préféra  veiller avec leur hôte. Celui-ci, après un bon verre de vin, était devenu bavard. Les histoires de ses multiples épopées se succédaient. L’ermitage s’était transformé en taverne.

Dans un demi-sommeil, Zoé murmura : "Ce petit chien écoute vraiment  toutes les sottises qu’on lui raconte !..."

La première mauvaise surprise…

Le lendemain, Zoé réalisa que Noireaud était parti sans elle ! L’Ermite lui indiqua la route à suivre et la prévint  que Noireaud allait la rejoindre dès le lendemain… Zoé fulminait, elle rageait contre le comportement irresponsable de son petit compagnon. Elle s’enfonçait seule dans une forêt et chaque craquement la faisait sursauter. Après quelques heures elle commençait à percevoir des hurlements qui se rapprochaient. Elle accéléra la marche, mais le danger la talonnait.

Vers midi, le calme semblait revenu, mais lorsqu’elle avait dégagé de son sac l’horrible sandwich aux feuilles de marronnier  enduite de jus de groseille, elle aperçut les loups menaçants qui l’entouraient. Elle domina sa panique et aidée du bâton offert par Papou, elle les repoussa de son mieux. Mais la horde sauvage l’épuisait  et elle sentait venir la fin.

Le combat faisait encore rage, les hurlements des loups affamés étaient  lugubres et l’air remué par le bâton produisait des « frouws frouws » désespérés.

C’est à ce moment qu’intervint un être incroyable, formé d’une multitude de feuilles, bizarre et inquiétant, qui semblait venir tout droit d’une autre planète.  La panique s’empara du clan des assaillants aux dents longues. Epouvantés par l’apparition, les loups prirent la fuite en hâte.

Zoé était tétanisée par la surprise, elle murmura : "Je rêve, c’est réellement Gollum en face de moi !"

La créature se mit alors à enlever la parure de feuilles qui l’ornait et elle reconnut chien noir.

- Tu es mon sauveur, lui dit-elle en le serrant contre elle et en l’embrassant, mais elle se souvint du faux bond de son ami au petit matin et elle se força à le sermonner encore.

Confession.

Chien noir, appelé désormais Gollum par son amie, raconta qu’il était parti à la recherche d’un trésor, mentionné par inadvertance par le sorcier ermite qui les avait hébergés. L’or des templiers devait être enfoui au pied d’un grand chêne, à proximité de leur lieu de repos. Il avait cherché et gratté toute la matinée, mais les hurlements l’avaient alerté et il était venu au secours de son amie. En évaluant que la force n’était pas dans son camp, il avait utilisé la ruse pour provoquer la déroute des bêtes féroces…

Zoé lui conféra une caresse de la main, en levant le doigt de l’autre et en le mettant en garde contre les contes à dormir debout.

- Viens dit-elle, nous avons perdu assez de temps.

La région des lacs et des tribus sauvages.

Depuis qu’ils avaient atteint les premières étendues d’eau, Zoé avait observé le changement de comportement de son petit Gollum. Celui-ci courait sans cesse d’une étendue à l’autre en y plongeant régulièrement, il devenait de plus en plus imprévisible.

La maitresse de l’expédition n’était pas de celles qui supportent de pareilles incartades sans réagir et elle avait empoigné son compagnon… Mais le regard de chien noir l’avait apitoyée et la colère de Zoé avait fondu.

Après quelque heures de progression dans la région des mystérieux pêcheurs, ils avaient localisé un groupe  suspect d’où un chien venait et repartait à sa guise.

-   Maman hurla Gollum ! Il voulut s’élancer, mais  Zoé le retint.

-   Attention ! Observons-les à couvert ! Ils nous tendent peut-être un piège…

Ils avaient épié le groupe d’hommes frustes pendant quelques heures. Dès le lendemain, pendant que Gollum assurerait l’arrière- garde, Zoé irait parlementer pour obtenir la libération de Noireaude. Ce plan allait-il les conduire au succès ?

Une mission très délicate…

A l’aube, Zoé s’était donc dirigée, à pas prudents, vers le groupe d’indigènes. Celui qui semblait être le chef, un homme  encore relativement jeune, à la démarche souple, lui avait aussitôt adressé un sourire.

Lorsqu’elle eut fini d’exposer son but et qu’elle proposa une modique somme d’argent pour le rachat de Noireaude, le groupe qui s’était rassemblé autour de la jolie jeune fille éclata de rire. Zoé se sentit piégée, elle était à leur merci, elle  trouvait son plan ridicule…

Mais le chef l’avait rassurée en lui déclarant qu’elle était libre de repartir avec Noireaude et qu’elle recevrait des vivres en suffisance pour assurer le voyage du retour…

Ce chien nous a causé suffisamment de problèmes, avait-il souligné. Dès qu’il approche d’une étendue d’eau, il perd la raison…  - Je vous souhaite bonne chance,  jolie demoiselle !

A ce moment, ils furent tous saisis par les gouttelettes d’eau qui fusaient vers les visages. Noireaude, revenue du bain se secouait énergiquement au centre de l’attroupement.

Mère et fils étaient fous de joie de se retrouver, mais ils parurent contrariés lorsque Zoé annonça le départ pour le lendemain. La jeune fille était déterminée et elle restait plus que jamais le commandant de l’expédition.

Au moment du départ, elle échangea  son adresse e-mail avec celle du jeune chef et ils discutèrent un moment à l’écart, en se tenant la main.

Noireaude glissa à l’oreille de son fils :- Je crois qu’il a le coup de foudre pour ta belle princesse ! Gollum s’effraya car le mot foudre désignait un grand danger…

- Viens ! Ajouta-t-elle. Allons vite nager une dernière fois !

Ils quittèrent le camp avec deux heures de retard et Zoé comprenait déjà que les retrouvailles avec Noireaude n’étaient pas un gage de tranquillité. Elle comprit le soulagement des pêcheurs de les voir quitter le camp.

Noiraude les guida sur une piste qui constituait un raccourci, mais en réalité, le chemin choisi était plus long et suivait une rivière torrentueuse. Nos amis canins faillirent s’y noyer et Zoé, pourtant excellente nageuse eut bien des difficultés à les extraire du tourbillon dans lequel ils s’étaient engouffrés.

Dépitée, leur guide avait indiqué que le voyage était terminé et qu’un avion viendrait les chercher le lendemain…

Le retour les pieds sur terre…

Noireaude ne grimpa pas à bord de l’avion taxi, elle prétexta avoir oublié un sac avec des objets précieux  au campement des pêcheurs…

Dès qu’ils  furent à bonne altitude,  Gollum se mit à geindre car il ne voulait pas abandonner Noireaude.  Zoé suffoquait de colère, elle se raidit et cria très fort.

Elle ouvrit les yeux, et  le visage de son frère, Tom, lui apparut.

-   Tu dois faire de drôle de rêve, petite sœur, car ton sommeil était fort agité !

En quelques secondes, Zoé venait de retrouver sa maison et ses dix ans…

A dix kilomètres de là, un petit chien noir, dans son sommeil, faisait des soubresauts et émettait tant de gémissements que sa maitresse le prit tendrement dans ses bras et lui murmura : « Il est temps que tes aventures se terminent, Gollum, et que tu profites un peu du soleil et de notre beau jardin…

La Maitresse ajouta : - Ah si seulement tu pouvais me  raconter tes songes, mon petit chien !

Voici sans doute l’épopée la plus étonnante qui me fut relatée. Vécues simultanément par deux êtres qui ne se sont rencontrés qu’en rêve.

C’est un paradoxe ! Etonnant, Relationnel, Positif.  Le paradoxe  E.R.P. revisité ?

 

Papou, automne 2013

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